LA P’TITE SUZ : Suzuki VX 800
Quand on parle d’un Suzuki VX 800, généralement on ne voit même pas ce que c’est comme moto
ou alors on confond directement avec le custom VN 800 de chez Kawa. Mais non, le VX 800 c’est ce petit roadster à cardan avec le moteur de l’Intruder, le custom de chez Suzuki. Bon ok, c’est vrai qu’il est un peu confidentiel ce roadster mi basic mi utilitaire, pas très sexy ni très fun et pas du tout « à la mode » même à l’époque de sa sortie il y a + de 20 ans. Et c’est pour ça que je l’ai choisi et trouvé sur « le bon coin » en état correct, entièrement d’origine, plutôt propre mais avec un problème sur le cylindre arrière. La moto démarre du premier coup mais tourne mal, elle ne prend pas tous ses tours et sur le ralenti elle pouffe bizarrement par l’échappement gauche (celui du cylindre arrière) et aux dires du vendeur ça refoule par le carburateur arrière. Effectivement, le filtre à air arrière est très gras. Une fois négocié, j’embarque la pétoire direction l’atelier pour un contrôle complet de la mécanique et bien sûr une petite transformation cosmétique.
L’ETAT DES LIEUX
Une fois sur le pont, il ne faut pas très longtemps pour la désosser et tomber le moteur (avec un peu d’aide). Maintenant à hauteur sur l’établi je peux désassembler le haut moteur. La spécificité de cette mécanique c’est qu’on ne peut pas uniquement déculasser, il faut retirer les cylindres avec et pour compliquer la manœuvre il faut retirer l’avant et l’arrière en même temps !?
Et oui, chez Suzuki, ils se sont torturés la tête pour cacher toutes les durites de refroidissement qui lient entre eux le cylindre avant avec le cylindre arrière d’où cette impossibilité de ne retirer que la partie arrière par exemple. Enfin bref je ne vous explique pas le nombre de mains qu’il faut pour cette opération, merci monsieur Suzuki.
Le haut moteur est maintenant en pièce et je peux contrôler la culasse arrière, à première vue rien d’anormal sauf qu’à y regarder de plus près il me semble que les soupapes d’admission sont ouvertes d’une drôle de façon. Les quatre soupapes sont déposées et effectivement les 2 soupapes d’admission sont légèrement pliées ? Comment es ce possible, incroyable, pourquoi uniquement les admissions et pas les échappements et pourquoi les arrières et pas les avants ? la distribution étant bien calée, Mystère.
Heureusement il n’y a pas d’autres dégâts, le piston n’est même pas marqué. Je profite du remplacement des soupapes pour mettre de nouveaux joints de queue de soupape et contrôler tous les jeux et usures des arbres à cames, chaines de distribution, segments, pistons et bielles, tout est encore dans les normes. Après un rodage de soupapes, le moteur est réassemblé et la distribution recalée (merci Jean Mich’).
LA TRANSFORMATION PEUT COMMENCER
Les cylindres et culasses sont repeints en noir ainsi que les carters d’allumage et d’embrayage, ça métamorphose cette mécanique, au niveau look bien sûr. Dans le même temps je m’attaque à la partie cycle, je tronçonne toutes les pattes de fixation disgracieuses et désormais obsolètes (pompe à essence, batterie et boitiers électriques seront déplacés sous la selle et le boitier de filtre arrière supprimé).
Le tout est repeint en noir satiné, moins clinquant que le noir brillant, sauf le bras oscillant, les fourreaux et les tés de fourche qui sont eux peint en noir grainé de chez Restom, ça donne un aspect mat mais très bien fini et résistant.
Le moteur maintenant en place je m’empresse de le remettre en route pour valider la réparation, nickel ça démarre et ça tourne forcément mieux, ouf, je peux continuer le cœur plus léger.
Les étriers de freins (une fois dégrippés, nettoyés et poncés) et les jantes sont confiés à la carrosserie Martin à Blairville près d’Arras (il connait bien son métier et les motos ne lui sont pas inconnues) pour une peinture complète couleur or (brillant sur les freins, satiné sur les jantes).
GP500 SPIRIT
Dans l’intervalle je reçois la coque de selle arrière en polyester, un modèle style Suzuki GP500 des années 70 de chez Poly26, qu’il me faut tronçonner en deux pour l’élargir et pouvoir l’installer sur le cadre préalablement coupé de ma 800.
Avec un peu de retard je reçois ma commande de chez Universal Café Racer, à savoir : un phare avec veilleuse à leds sur le pourtour, un feu arrière, des clignotants à leds eux aussi et enfin deux échappements noir mat et un peu vides (waouh, ça devrais donner).
Je m’occupe maintenant du support qui se place sous la coque que je découpe dans une plaque d’aluminium de 0,7 d’épaisseur. Je le fait en deux parties, une pour accueillir la batterie, le boitier d’allumage, les relais et la pompe à essence et l’autre pour supporter la plaque d’immatriculation le feu et les clignotants. Une fois pliées, ajustées et peintes, je peux fixer tous les éléments.
Je m’attaque à présent au fond de selle que je moule en fibre de verre directement sur la coque Poly26. Une fois sec, le fond de selle est meulé, poncé et parfaitement ajusté, il fonce illico chez le sellier. La coque arrière peut maintenant rejoindre la cabine de peinture, accompagnée du réservoir (meulé au niveau des fixations des caches latéraux d’origine) et du garde boue avant (raccourci dans sa partie arrière). La couleur sera noir et rouge avec liserets jaune et blanc, un peu dans l’esprit de la déco des Suzuki de Barry Sheene (enfin juste dans le mariage des couleurs).
MADE IN CHINA
Il me tarde d’entendre le bruit des échappements et après avoir appliqué de la bande thermique sur les tubulures je m’empresse de remonter le tout et hop un coup de démarreur et là c’est ce que je craignais, le barouf intégral, beaucoup trop bruyant, je me vois mal traverser la ville avec (enfin une fois peut être mais pas deux). Après quelques accélérations l’intérieur des pots part en fumée, snif, au démontage je constate que l’isolant phonique était en train de cramer, oups, pas cher ces pots mais pas top non plus. Je me résigne à commander deux Db killer et de l’isolant digne de ce nom, partie remise.
Moins pressé, Je remonte les freins et roues fraichement arrivés, ça en jette. Nouveaux disques, plaquettes, durites de freins, joints et pneus, je ne lui refuse rien, bon ok c’était nécessaire.
Universal Café Racer a été plus rapide que la fois précédente, je remonte les pots équipés de leurs nouveaux insonorisant et teste à nouveau la sonorité. Ouais, ça claque sec à l’accélération mais c’est acceptable (enfin…, pour moi, parce que pour la maréchaussée, c’est une autre histoire)
Le nouveau phare est installé entre les petits clignotants à leds sur les supports d’origine modifiés et le faisceau électrique est déplacé sous le réservoir.
EN ROUGE ET NOIR
La carrosserie est de retour de peinture, ça rend super bien, le mariage des couleurs est réussi, pas trop « bling bling » et en tous cas à mon goût. Dans la foulée je remonte le tout avec délicatesse surtout le « put1d’bordeldemerde » de garde boue avant fixé par une pièce d’alu qui impose le démontage de la roue avant, re-merci monsieur Suzuki.
Le montage terminé je fais quelques pas en arrière et apprécie le rendu final, youhouw, j’ai bien mérité une petite Leffe (ou 2). Il ne manque plus que la selle que je fais réaliser sur mesure et de la ferraille pour y découper mes pattes d’échappement, mais là, ça prendra plus de temps.
Ça ne m’empêche pas de faire un petit run d’essai dans le quartier, histoire de contrôler le bon fonctionnement de ma nouvelle réalisation. Premières accélérations, je savoure le raffut émis par les pots courts, elle mérite bien son appellation de pétoire. Involontairement couché sur la moto, je découvre un peu sa maniabilité en faisant le tour du rond-point, c’est assez inhabituel comme sensation, on se croirait sur un custom mais avec des guidons bracelets, c’est perturbant, mais on s’y fera, pour le reste c’est tout bon.
La selle est enfin de retour (merci Patrick), le rendu est superbe, à peine posée je l’essaye, elle est suffisamment confortable et adoucie un peu la position de conduite très radicale imposée par les demi guidons bracelets CNC. Les supports d’échappements sont coupés, meulés, percés, peints et installés sur la moto, là par contre l’aspect final est plutôt basique, industriel, trop standard enfin moche quoi. En attendant mieux, çà ira bien.
Ô RAGE, Ô DESESPOIR
Je laisse passer les orages estivaux et les quelques jours maussades qui s’en suivent pour planifier l’ultime essai sur plusieurs dizaines de kilomètres.
Le soleil de retour, j’enfile ma panoplie de motard et à moi la route. La bécane est agréable, la boite de vitesses est souple et précise, le moteur est un peu mou même poussé jusqu’à 6500 tours (le régime qui délivre la puissance maxi) et préfère une conduite paisible plutôt qu’énervée. A ce rythme le cardan se fait oublié et je me surprends à apprécier le pilotage tranquille peinard. L’après-midi se termine et après 90 kilomètres sous la chaleur de juillet, je rejoins mes pénates assez satisfait de ma balade, juste quelques bricoles à revoir sur la pétoire. Je m’installe sur la terrasse, me sers une « queue de charrue triple » et me coupe une rondelle de saucisson, c’est quand même bien l’été.
Merci Beucher, très touché du compliment. Ricoo
Merci Ludovic, ça me fais vraiment plaisir. Ricoo
Bonsoir,
juste un mot MAGNIFIQUE !
superbe, je tenais simplement à vous féliciter pour votre réalisation.
Je recherchais ce genre de bijoux pour ma filleule, mais ne trouvant pas elle a acheter un Triumph.
Dommage car une bécane personnalisée comme la votre est un plaisir d’avoir une moto unique.
Amicalement
Réalisation rare sur cette machine, belle réussite !
Hello Laurent, je suis content de lire que tu refais une VX800, je me sens moins seul d’un coup. C’est vrai que les motos d’origines ne sont pas trop mon ordinaire comme tu as pu le remarquer, mais j’aimerais savoir de quelle couleur tu repeints ta pétoire ? Envoie moi une photo de ta belle (moto) quand elle sera finie, ça me ferais plaisir. Bonne route à toi aussi et merci pour ton message. Ricoo
Hello ! Suis en plein dans la remise en état d’origine de mon VX 800. J’ai déjà roulé avec l’été dernier, et ce bicylindre est un pur plaisir ! Alors, remise à neuf en cette fin d’hiver, durites, filtres, vidanges, amortisseurs, batteries, bougies, joints spy, roulements de directions, et installations d’une tête de fourche récupérée sur une épave de VX800 trouvée dans un garage moto d’Indre et Loire. Et pour couronner le tout, nouvelle peinture ! J’ai hâte de faire ronfler cette machine ! Bonne route à vous ! Laurent
Hello Serge, que de compliments, cela me gêne, comment veux tu que je m’améliore encore un peu ?
Je suis réellement content que cela te plaise et j’espère que cela durera au fur et à mesure des parutions de nouveaux articles.
A très bientôt pour déguster une CHIMAY bleu ou une Tripel Karmeliet.
Ricoo
Salut Ricoo
Te connaissant …je ne suis pas étonné de la qualité de tes préparations… Tout y est…le pur style Racer,
le look, la finition soignée et, la qualité des accessoires choisis …(parfois détournés de leurs utilisations premières….)
Tu t’éclates dans ta passion…mais surtout, tu partages ton expérience et pour çà … bravo !!!
Les articles :
Alors là je suis scotché…je ne te connaissais pas ce talent…Tes articles sont clairs, les descriptifs précis …on ne s’en lasse pas !!!
Hier je me suis couché tard…ce soir je vais récidiver…je n’ai pas terminé toutes les rubriques.
Encore bravo pour ton site !!!
A bientôt autour d’une bonne brune…sans doute Belge !!!
Sergio.
Hello Eric et merci pour ton message, tu es trop gentil, ça me touche. A très bientôt pour déguster une bière belge (forcément bonne). Ricoo
d’abord bonjour et bonne année de roulage a tous et a toutes(espoir!)je ne suis qu’a moitié surpris de la réalisation/qualité/apercu du site et de ses articles détaillées a souhait,connaissant le rédacteur/créateur,c’est simplement génial de voir que l on peut encore trouver des gens créatifs et passionnés qui sont en plus super cool!longue vie et bonne bière
Bonjour Christophe et merci pour ton message, je suis content que cela te plaise. Merci aussi d’en parler autour de toi, ce n’est qu’un début, le site s’étoffera au fur et à mesure. Merci encore, bien cordialement. Ricoo
Salut, alors comme suggéré par FB voici quelques mots…
Merci pour ces belles réalisations, j’en parlerai à un copain, ancien possesseur de cette machine… pour qu’il découvre comment il est possible de la sublimer (il faut avoir l’oeil pour être capable percevoir cette (r)évolution).